#LEPOINTJ #2 : LA PERFORMEUSE JOSAFA NTJAM
Le point J par Joséphine Domingues extrait de l’émission SUICIDEFM#9
Aujourd’hui, je parlerai de I am nameless, une performance réalisée par Josefa Ntjam, que j’ai eu la chance de vivre lors du festival de la littérature vivante appelée Extra !, et organisée par le Centre Pompidou.
Pour visualisez la performance==>I am nameless
Artiste qui performe ses lectures de mots et qui réalise des vidéos-collages : c’est sa pratique de la science-fiction, une manière pour elle de réutiliser les objets qui nous entourent pour en faire autre chose. Est-ce qu’on ne ferait d’ailleurs pas la même chose à Suicide FM ? -> création d’une suicide-fiction.
Retrouvez un extrait de son film Mélas de Saturne
Loin des murs blancs, elle tapisse ses œuvres-vidéos d’objets fétiches, de faunes et flores marines, de pyramides, de masques ou encore de serpents qui se mordent la queue.
Fluides en flux, sa mélasse occupe l’arrière-plan lorsque la voix de Josefa commence à résonner. Ses doigts pianotent alors une machine à composition musicale ainsi qu’une console lumineuse.
Bouche à micro déployée, nous voilà au cœur d’un moment immersif d’une grande intensité, voix manifeste déclamant un monde dilué, des hybridations infinies : en trans-artistique nous vivons le texte incarné.
Des échos en composition-loops sonores, des évocation de terrains-vague, de vague en construction, de pensées vagues, de temps à vagues, pour former une constellation phosphorescente dont nous sommes tous et toutes les étoiles.
Auréole lunaire dans la nuit, Josefa rayonne d’une puissance magique, gouroue-griot éclairée, chant vocal emportant nos dispositions à penser, nous nous laissons emporter par l’indisposition de nos corps, à l’écoute d’un chœur à l’unisson multiple, démultiplié, multiplicité. « This is how I feel », Josefa est plusieurs, elle s’émancipe par de-là les frontières, s’improvise et crée un nouveau langage pour de nouvelles réalités aux temps dilués et aux catégories déstratifiées, de nouveaux futurs possibles, des futuribles.
Parmi le cycle continu auquel nous appartenons, les strates sur lesquelles nous dansons, l’histoire avec laquelle nous avançons, Josefa dénorme et utopise, narre et sample, traduit et donne les indices d’espaces imaginés et pluriels aux limites poreuses.
Ainsi, l’artiste nous invite à :
- sortir des sentiers battus, des paroles dominantes qui forment des discours omnipotents.
- à sauter plus haut pour atteindre des futurs qui s’interrogent, nous interrogent !
Laissons alors l’imagination se déployer, des images nouvelles nous dessiner et des ressentis insoupçonnés se glisser parmi nous, en nous…
Devenons goutte, anémone-cyborg, végétal.e indéterminé.e, flots océaniques à la mémoire aquatique car après tout, tout va bien se passer avec suicide FM !
Trop souvent les sujets d’expérimentations, nous avons décidé de construire nos propres paysages, désaxer les regards habitués à nommer “l’autre” sans jamais le laisser s’exprimer.
Josefa Ntjam
Nous décidons la nomination par l’abstraction. Effilochage de mots revêches, bien trop digérés par le passé. Polyphème ne s’y trompa pas ; nous sommes persona.
Josefa Ntjam
Pour plus d’informations sur le parcours de l’artiste==>ICI
Retrouvez une interview de l’artiste: