#LALIMERENCE 8 : Capitaliste des luttes
Extrait RADIO BELLE#1
Coucou toi. C’est le retour de la limerence, ce fragment que j’espère déconstruc-pas-si- chiant, qui vient surfer pour cette saison 2 sur les ondes de Radio belle.
D’ailleurs, on ne pouvait trouver plus à propos que le 8 mars pour commencer cette nouvelle série de diatribes féministes. C’est merveilleux, merci Xavier, merci Camille, merci Capucine.
Alors le 8 Mars, c’est quoi exactement ? Instaurée en 1977, cette journée puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrières et des manifestations de femmes au tournant du 20e siècle. Officiellement, c’est – je cite – une journée d’action, sensibilisation et mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes – et minorités de genre, l’égalité et la justice. Très cool sur le papier, merci, et d’ailleurs, gros big up à tous-tes celle-eux qui s’investissent dans cette journée, mais pas que, et qui visibilisent des luttes pour l’égalité des genres. Bon. Si tu m’as suivie l’an dernier tu t’en doutes ma-on chéri, je vais casser l’ambiance bisounours. Alors, allons-y.
Le 8 Mars a des vagues relents de Saint-Valentin, ce fameux jour de l’année où on doit activer le mode sur-performance. Une journée féministe officielle, yansss, mais notre réalité, nos combats c’est tous les jours en fait. Soutenir le féminisme et être un bon allié, ça passe surtout par les actions et attentions quotidiennes.
Soutenir le féminisme c’est aussi ne pas succomber aux chants langoureux des sirènes d’un capitalisme subtilement déguisé. Et ce SURTOUT lors de ces périodes ultra- médiatisées. Car le vrai sujet du jour, ode au 8 mars et ses bonbons clitoris supposés militants, c’est le féminisme-washing.
Pour expliquer rapidement le concept, le terme washing représente les procédés de communication utilisés par une marque ou un organisme afin de présenter une image responsabilisée. C’est ce que l’on appelle du purpose marketing, ciblant des consommateurices qui se veulent de plus en plus regardant-regardantes sur l’engagement des marques qu’iels achètent. Ça se cuisine ainsi allègrement à toutes les sauces et autres convictions : pink, green, fair, black, woke, feminism… la liste est longue.
Afficher un engagement en tant que marque aujourd’hui, c’est bon pour le biz, et c’est du coup malheureusement souvent opportuniste. Et puis, comme toujours quand il y a de l’argent à se faire, au vu du regain de présence du féminisme sur le devant de la scène : on a vu pousser des goodies estampillés sororité/adelphité comme des champignons. Et bien souvent, les entreprises qui vous vendent ces fameux chachkis pro telle ou telle cause ne les soutiennent pas forcément concrètement, voire même le contraire pour les plus audacieuses. Ben oui quoi, ça coûte moins cher de faire une campagne marketing que de changer ses pratiques.
Pour esquiver l’escroquerie, avec un peu d’habitude, il devient de plus en plus évident de repérer les dynamiques hypocrites. Il suffit de vérifier les informations proposées et faire un background check d’éventuelles casseroles. En utilisant son sens critique, en général, pas besoin de gratter très loin.
Exemple : Dior qui te vends 620€ un T-shirt « we should all be feminist » : déjà le slogan en forme d’injonction, moyen. Puis, où est l’inclusivité étant donné que seules des personnes fortunées pourront se le payer ? Surtout quand on voit que les militant- militantes sont bien souvent précaires, conséquence directe de leur situation et/ou engagement. Et puis, combien de femmes à des hauts postes chez LVMH à l‘époque ? Pour l’égalité, on repassera.
2e round avec Mango qui a copié ce fameux t-shirt, on passe à l’inverse. Un slogan féministe sur un T-shirt vendu par une marque appartenant à Inditex, groupe connu pour avoir des chaines de production dégueulasses (coucou l’esclavage des Ouïghours en passant) : on ne peut plus féministe, n’est ce pas ? Je ris. Jaune.
Alors, si tu ressens le besoin de posséder mug vulvé pour prouver ta sororité, ou simplement parce que c’est quand même vraiment trop ton style, fair enough, why not. Après tout, le système est ainsi fait. Mais, si tu en as les moyens, je te propose d’adopter une consommation plus responsable, avec un prix éthique. Tu peux par exemple soutenir directement les personnes concernées et des organismes réellement féministes en choisissant mieux où acheter : boutiques indépendantes et/ou tenues par des femmes ou minorités de genre, des opérations où les bénéfices seront vraiment reversés à des associations… La liste des possibilités engagées est longue, et surtout, pas besoin d’attendre le 8 mars pour le faire.
Le féminisme n’est pas une mode.
Nos luttes ne sont pas un outil marketing.
Merci de ton écoute ! Je te laisse sur un morceau chill avant-pop de Sevdaliza, et je te te dis, à la semaine prochaine.
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