Perfect sense de David Mackenzie dans le cinéma de Camille
Il y a des films qui vous tiennent en haleine du début à la fin. Une fois l’intro passée, les personnages présentés, l’intrigue installée, le rythme s’accélère et l’histoire vous transporte jusqu’à la dernière minute et vous osez à peine cligner des yeux pour ne pas perdre une seule image, un seul mot, une seule idée. On voudrait même que le film continue après la fin pour rester avec les personnages qu’on apprend à aimer assez rapidement. C’est le cas du film que je tiens à vous présenter aujourd’hui: Perfect sense.
En lien avec l’anniversaire du COVID, ce film raconte l’histoire d’une pandémie qui décime le monde entier. Perfect sense est un film sorti en 2011 et réalisé par David Mackenzie.
David MacKenzie nous plonge dans un monde en déclin où l’individualisme se décuple et où les sentiments se transforment. Dans cette gigantesque bulle où chacun possède son propre univers, une maladie inexplicable s’empare des gens et leur fait perdre leurs sens un à un. Sounds familiar? Attention spoiler alert!
L’odorat, le goût, l’ouïe et enfin la vue. Les sens disparaissent totalement un par un précédé par un excès d’émotions lié à la perte du sens. Par exemple, vous perdez le sens de l’odorat mais avant vous avez la plus grosse crise de larmes de votre vie, ou bien vous perdez le goût mais avant vous dévorez tout ce que vous trouvez autour de vous, et puis plus rien! Même pas un semblant d’odeur ou de goût, le néant progressif qui touche tous les êtres humains. Eva Green et Ewan McGregor, couple héros incandescent du film, ne sont pas des exceptions. Les deux tombent amoureux l’un de l’autre tant dis que l’hystérie du monde progresse. Finalement ce film nous montre le déclin de ce qui nous rend humain tout en se focalisant sur une histoire d’amour, probablement l’une des expériences humaines les plus sensorielles qu’il soit.
Perfect sense appréhende le chaos avec poésie, un jeu d’acteur touchant et juste et nous fait réfléchir sur l’existence elle-même.
Il y a une scène géniale où les deux amoureux prennent un bain et se mettent à manger un savon pour voir s’ils arrivent à en goûter la saveur. Eva Green croque à pleine dent dans un savon et éclate de rire de l’absurdité de leur condition. Finalement le monde entier s’adapte à la perte des sens et trouve d’autres moyens de rester connecter et humain.
Lorsque j’ai été touché par le COVID l’année dernière, j’ai perdu le goût et l’odorat pendant 10 jours. 10 long jours à ne rien pouvoir sentir ou goûter, c’est long…j’ai pris un bain un soir et j’ai repensé à cette scène du film. J’ai léché timidement mon savon de Marseille et je n’ai absolument rien goûté. Je me suis dit que finalement, quoi qu’il arrive, on s’adapterait, comme dans le film. Même si on nous enlève l’odorat, le goût, la vue, l’ouïe, on trouverait le moyen de rester humain et de célébrer nos capacités extraordinaires d’adaptation et de survie.
There was darkness. There is light. There are men and women. There’s food. There are restaurants. Disease. There’s work. Traffic. The days as we know them, the world as we imagine the world.
Susan
It’s dark now. But they feel each others’ breath. And they know all they need to know. They kiss. And they feel each others’ tears on their cheeks. And if there had been anybody left to see them, then they would look like normal lovers, caressing each others’ faces, bodies close together, eyes closed, oblivious to the world around them. Because that is how life goes on. Like that.
Susan