LA TECHNOLOGIETHÉMATIQUES

L’Intelligence Artificielle et la mort : la montée de l’Ethernalism

La mort n’est plus la fin

L’émergence de l’intelligence artificielle (IA) dans divers secteurs tels que le cinéma, le journalisme et la médecine a marqué un passage de la recherche de niche aux nouvelles quotidiennes. Alors que les implications économiques et professionnelles de l’IA font désormais l’objet d’examens quasi chroniques, son importance sociale, notamment son intersection avec l’expérience humaine ultime qu’est la mort, n’a pas encore été pleinement scrutée.

Des robots pour continuer à vivre

Des entreprises exploitent désormais l’IA pour “ramener” virtuellement les défunts à travers ce qu’on appelle la “technologie du deuil”, offrant ainsi un réconfort aux proches ou, dans d’autres cas, diffusant l’image de célébrités décédées. Cette semaine, Zelda Williams, la fille de Robin Williams, a exprimé son soutien aux acteurs de la SAG-AFTRA en grève, en référence à des vidéos deepfake “perturbantes” de son défunt père circulant sur Internet. Ces créations, qualifiées de “monstre Frankensteinien” dans le pire des cas, soulèvent des questions d’éthique et de consentement, car elles ont été créées sans l’accord de Williams ni de son père.

“J’espère que, bientôt, elle sera capable de communiquer non seulement avec moi, mais aussi avec mes enfants…”

Aux États-Unis, en l’absence de réglementation fédérale sur l’IA, le contenu généré par IA peut être utilisé et monétisé légalement sans le consentement des individus dont le travail alimente les bases de données nécessaires à l’IA. Cela remet en question notre capacité à éviter l’apparition d’un clone généré par IA après notre mort.

Ethernalism

Cependant, certains membres de la famille peuvent trouver du réconfort à interagir avec des versions IA de leurs proches décédés. HereAfter AI, une entreprise basée aux États-Unis, permet par exemple à ses utilisateurs de créer un “avatar de l’histoire de vie” grâce à des enregistrements et des photos. En Chine, Super Brain propose des “griefbots” pour les membres de familles endeuillées, offrant des services allant de clips audio ou visuels limités à des chatbots vidéo entièrement conversationnels.

Nanjing Silicon Intelligence incarne cette révolution

L’avènement de l’intelligence artificielle dans le secteur funéraire soulève des questions profondes sur l’éthique et le deuil. En Chine, l’exploitation de l’IA pour communiquer avec les défunts transforme radicalement notre rapport à la mort, repoussant les frontières de la morale traditionnelle. Cette évolution, loin d’être une fiction dystopique, est une réalité troublante mise en lumière par les journalistes de France Inter. Elle illustre l’incessante quête humaine pour transcender sa finitude, une ambition qui s’est matérialisée dans des projets ambitieux comme Calico de Google, visant à vaincre la mort.

À Nankin, un ingénieur a développé un moyen de converser avec les défunts en créant des avatars animés par IA, qui reproduisent le visage et la voix des personnes disparues. Ce concept, à la fois fascinant et effrayant, suggère une nouvelle ère dans la gestion du deuil, permettant un contact virtuel avec ceux que nous avons perdus. La Nanjing Silicon Intelligence incarne cette révolution, proposant des avatars sophistiqués capables d’imiter non seulement l’apparence physique mais aussi la pensée des défunts, grâce à des avancées technologiques permettant un dialogue de plus en plus riche.

Cette innovation ne se limite pas à offrir un réconfort virtuel mais s’infiltre également dans les rites funéraires, avec des projets permettant aux défunts de “participer” à leurs propres enterrements via des avatars IA. Bien que cette pratique reste pour l’instant confinée à la Chine, elle suscite un débat mondial sur la place de l’IA dans notre rapport au deuil et à la mémoire des disparus.

La frontière entre la vie et la mort s’amenuise, grâce à l’IA, posant des questions éthiques urgentes sur le consentement, la mémoire et l’authenticité des interactions posthumes. Cette convergence entre technologie et tradition funéraire pourrait bien redéfinir notre façon de faire le deuil, marquant un tournant dans notre compréhension de la mortalité et de l’au-delà.

Cette nouvelle réalité soulève des questions légales et commerciales, notamment sur le consentement et le contrôle des données biometriques des défunts utilisées par ces technologies. Elle interroge également sur le droit de ne pas être “résuscité” via de telles simulations, et sur l’éventualité que les testaments incluent des clauses de consentement concernant l’utilisation des données biometriques pour créer des griefbots.

Encore un soupir de toi

L’utilisation posthume de l’image des personnes célèbres pour générer des revenus pose également des questions commerciales, suggérant que les acteurs pourraient léguer leur image à leurs descendants, créant ainsi une nouvelle génération de fonds de fiducie alimentés par des deepfakes des morts et célèbres.

Dans un monde où la technologie avance à grands pas, il devient de plus en plus difficile d’assurer que nous serons rappelés par des moyens purement analogiques, indépendamment de nos préférences ou de la manière dont nous les partageons de notre vivant. La “digital immortality” nous confronte à des questions éthiques et personnelles inédites, défiant notre conception traditionnelle de la mémoire et du deuil.

Un beau reportage pour finir

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Source
https://www.lebonbon.frhttps://www.forbes.com

Xavier Faltot

Xavier Faltot: Media Mutant, brille par ses images expérimentales, mêlant art, technologie, cinéma et poésie. Dès ses débuts avec l’artiste Shu Lea Cheang, il sait capturer et danser avec le réel. Ses œuvres, à la fois provocantes et captivantes, reflètent une compréhension profonde de la globale culture actuelle. Samouraï virtuel multimedia et pionnier français dans l'utilisation des outils offerts par le web, il attend depuis toujours l'arrivée des intelligence artificielles. Aujourd’hui à l’aise avec les machines qui créent en vrai, il joue et fabrique des mondes animés à la carte ou des univers virtuels inconnus. ////// Xavier Faltot: Media Mutant, shines through his experimental images, mixing art, technology, cinema and poetry. From his early work with artist Shu Lea Cheang, he has captured and danced with reality. His works, both provocative and captivating, reflect a deep understanding of today's global culture. A multimedia digital samurai and French pioneer in the use of web tools, he has always awaited the arrival of artificial intelligence. Now at ease with the machines that create the real thing, he plays with and creates bespoke animated worlds or unfamiliar virtual universes.
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