TRANSGRESS TO PROGRESS
La transgression est une action.
Le terme vient du latin transgressio, onis nom d’action du supin de transgredi qui signifie « passer de l’autre côté », « traverser », « dépasser une limite », d’où l’idée d’enfreindre (un ordre, une règle, une loi ).
La transgression est une infraction, elle passe outre la loi (l’interdit), la rend caduque, du moins pendant le temps de la transgression et récupère la liberté d’action que la loi amputait.
On pressent que la valeur de la transgression sera relative (et inverse) à la valeur qu’on reconnaît à ce qui est transgressé.
Dans l’ordre politique ou théologico-politique, quand la loi est tyrannique, ceux qui la transgressent sont célébrés comme les Héros du peuple et de la morale (Robin des bois, Zorro…)
Les mythes de Prométhée et d’Adam s’ouvrent à plus de polémiques. Nous aurons l’occasion d’y revenir…
Dans l’ordre anthropologique et symbolique
La transgression aura le sens d’une progression ou d’une régression selon le statut reconnu au monde qui est garanti par le respect de la règle bafouée.
Ainsi les transgressions de l’interdit portant sur le meurtre ou de celui de l’inceste paraissent-elles faire régresser en deçà de l’humain (on parle de déchaînement bestial des pulsions agressives et sexuelles).
Mais beaucoup de formes de progrès scientifique ont impliqué de transgresser des interdits religieux ( sur la dissection du corps humain et les recherches alchimiques par exemple)
(Voyez la légende de Faust et ces différentes formulations au cours des âges).
Et
Comme tous les sujets qui se présentent sous la forme d’un couple de notions c’est le réseau des relations possibles entre les deux termes qu’il faut explorer. Voici quelques exemples de pistes :
- Ontologiquement le mal naît-il avec la transgression parce que la transgression est une infraction de la loi qui distingue le bien et le mal, le permis et le défendu ? N’y a-t-il rien de mal au sens propre avant cette distinction entre le bien et le mal établie par la loi (thèse de Hobbes). Ou faut-il dire que le mal précède la loi (qui est justement instituée pour tâcher de nous en protéger) ; dès lors la transgression par laquelle j’accomplis le mal ( sous la forme de ce qui est défendu) n’est, elle-même, qu’une manifestation d’une malignité plus fondamentale (Kierkegaard parle de peccabilité).
- Le mal est-il dans la transgression de l’interdit ou dans l’interdit qui brise le mouvement du désir et brime la liberté de l’individu. Voir par exemple l’anarchiste Bakounine