Rencontre avec les Street Players, les hackers du réel !
Reportage avec Damien Raclot-Dauliac pour l’émission Tracks / Arte
LE BAD BEUYS MANIFESTO:
Fondé en 1999 à Cergy-Pontoise dans la région parisienne. http://badbeuys.ent.free.fr/ LA POUSSIERE RESTE SUR LE CHIFFON. Vivre dans ces infrastructures périurbaines fabrique des repères et une culture particulière, habituellement reconnue par un large spectre d’activités hétéroclites. BBE navigue entre tags, rap, mise à sac, injures, voitures brûlées, milieu sub-urbain, économie parallèle, légendes urbaines, grands ensembles architecturaux, culture populaire, omniprésence de la télévision, urbanisme, hip-hop, graffiti. BAD BEUYS ENTERTAINMENT (étymologie) Dans l’expression : ” Bad Beuys Entertainment “, le terme : “Boys” de Bad Boys Entertainment, le nom d’un des principaux labels de hip hop américain, celui du producteur à succès Sean ‘puffy’ Combs, est remplacé par le terme ” Beuys “, patronyme de l’artiste allemand du 20ème siècle : Joseph Beuys, qui définit son activité en tant que sculpture sociale, c.a.d. qu’il considère la matière sociale comme son matériau de création. Une matière sociale qu’il entend modeler, transformer par ses actions et les formes qu’il produit. Derrière ce jeu de mot se profile le programme artistique du groupe, son point de départ, ses enjeux et son cadre de travail : si elle n’est pas révolutionnaire, l’attitude est critique et sa ligne de mire se situe dans la sphère des productions culturelles de masse. Ici, s’organise la rencontre de deux attitudes/modes de production de biens culturels à priori antagonistes : d’une part une major company de l’industrie du spectacle dont la vocation est la diffusion commerciale à l’échelle mondiale et massive d’une musique issue des ghettos noirs des mégalopoles américaines, très typée historiquement et géographiquement.. Et d’autre part l’œuvre d’un plasticien appartenant à une tradition humaniste de l’art misant sur une réforme de la société qui commencerait par la production culturelle. ” Les mecs de la star-academy c’est des artistes comme nous. ” Yoann Leyneau. Bad Beuys Entertainment emprunte son fonctionnement à celui de la bande de jeunes : la hiérarchie au sein du groupe n’est pas clairement définie, le nombre de ses membres est fluctuant et leur implication est inégale, les décisions s’y prennent à la volée, au consensus relatif. Le groupe adopte une attitude “crossover”, BBE s’adresse à un large public dépassant le cadre de l’art contemporain. LA FORME WALT DISNEY, MARRON FLUORESCENT Bad Beuys Entertainment génère des avatars paranoïaques et cyniques, des monstres. Les objets que Walt Disney escamote lorsqu’il propose la copie aseptisée d’un monde qui est déjà une pâle copie d’un monde qu’est notre monde. C’est un peu comme si, le travail de BBE consistait en une production d’objets, d’éléments, destinés à Disney-land dont Disney n’a pas pris commande. Des éléments de décor, d’animation, qui rentreraient en fraude, en contrebande; des contrefaçons, des objets reproduits à l’échelle 1 (sanisette, le bloc de viande de Hareket, le toit-terrasse de Land-escape), mais aussi, d’une autre façon, les trucs du chinois qui représentent d’hypothétiques paysages. Ce sont des simulacres (carton-pâte) de réalité. Des ” ready-made ” d’un monde qui aurait subit une disneyisation, “un pop-cleaning”. ENTERTAINMENT, DEMESURE, ECHELLE HUMAINE. Les oeuvres sont conçues comme des formes singulières, afin que les spectateurs aient un rapport très physique, sensitif, avec elles. On s’y confronte de la même manière qu’à des éléments de l’univers urbain auxquels font référence les pièces Babylone by _us, sanisette, et brown-boxes. Ces œuvres, dont l’aspect est dépouillé, minimaliste, relèvent de perceptions, d’observations de modèles architecturaux, de standards de représentations médiatiques et décoratifs, révèlent des aspects, insolites, répressifs, économiques, anthropiques, ludiques, sociaux, culturels et enfin esthétiques de notre milieu de vie. Autant qu’un rapport au réel BBE entretient une relation très étroite avec le standard, le cliché, le vulgaire. Le standard est à coup sûr un caractère dominant de notre milieu de vie et du spectacle qui lui sert de papier peint (élément décoratif périssable de recouvrement). Les normes qui règlent quasiment tous les aspects de nos vies, commencent évidemment par des mesures (prendre des mesures est une expression synonyme de manœuvres de répression, d’interdiction, etc. qui appartient au champ lexical du pouvoir et de la domination) d’où le fait que BBE porte une attention particulière aux mesures (métrage) et règle l’échelle de ses maquettes/dispositifs autant sur des standards de représentation, sur des formats usuels, que sur la taille réelle des objets reproduits (échelle de Babylone by _us, la zone). Ainsi qu’a l’adéquation de nos productions aux standards de représentations (durée des épisodes de SICTOM, format des trucs du chinois,1m2). http://badbeuys.ent.free.fr/