La radio c’était mieux maintenant / Stylist
Le numéro 22 de Stylist, le féminin gratuit distribué par Marie Claire, propose un focus sur l’évolution de la radio signé par Hugo Lindenberg et Julie Boukobza.
En bref, c’est une apologie de la web radio (indépendante et sans publicité), perçue comme l’avenir de la radio de façon générale.
En exemple, RADIOMARAIS, la radio des gens, créée par des passionnés et basée sur un système participatif et horizontal de production distribuée. Et oui, la radio, c’était mieux maintenant !
L’article est disponible ici, page 39. Bonne lecture !
Avant, la radio, c’était les carottes sont cuites ». Mais Dieu merci. nous n’étions pas nés. Nous, c’était plus Lovin’ Fun sous la couette
et Chérie FM à fond. Et puis la révolution du Net a enterré celle des ondes. Et si on a continué à écouter le transistor, c’était qu’on était en bagnole dans la Creuse, ou qu’on se faisait une déprime du dimanche avec Le Masque et la plume en B.O. Bref, un brin ringard. Et puis cet été. L’OJD a publié pour la première fois les audiences des webradios françaises. De 6261 radios pour être exact. À côté de ce chiffre, la TNT et sa soixantaine de chaines ressemblent furieusement à un bouquet ukrainien.
Un foisonnement qui n’étonne pas Marc H’Limi, directeur de l’antenne
de Radio Nova depuis
quinze ans : « Les gens
en ont marre qu’on leur
On a voulu donner de la voix à Paris, maintenant que des radios comme FG et Nova sont devenues bien plus nationales. Nos animateurs ne sont pas des professionnels, ce sont des Parisiens qui travaillent bénévolement». explique Xavier Faltot. Même son de cloche du côté de chez Faubourg Simone, qui a commencé à diffuser il y a un an et demi.
c’est la démarche de programmation. Derrière notre sélection musicale, il y a un humain, pas un algorithme et comme on est sur Internet. les auditeurs peuvent communiquer avec nous hyper-facilement via les réseaux sociaux.
PLUS IL Y A D’AUDITEURS, PLUS ÇA COÛTE CHER
J’avais envie de faire une radio locales, raconte Seul bémol à ce foisonnement de créativité
Stéphanie Boué, sa fondatrice qui a largué son job dans la pub pour monter sa radio sous forme d’association. Résultat, 80% de musique et 20% d’info culturelle sur le quartier (le 3″). << Et ce qui est super, c’est que comme c’est en ligne, on est écouté dans 70 pays. Le ton gouailleur plait aux expats. C’est la force de la radio, qui est un média affectif, qui rentre davantage dans l’intimité des
“ON EST BIEN PLUS FORTS QUE LES RADIOS HERTZIENNES”
impose des images. À la radio, on raconte
gens que la télé », ajoute Stéphanie Boué qui se
des histoires et chaque auditeur peut se créer sa félicite d’avoir créé la radio qu’elle avait envie
libertaire: le modèle économique, talon d’Achille du Net. Si la Grosse Radio annonce un gigantesque quinze millions d’auditeurs par mois, Faubourg Simone et Radio Marais n’avancent qu’une dizaine de milliers d’internautes branchés sur leur canal. Loin des scores de la bande FM (RTL et NRJ ont flirté avec les 6 millions d’auditeurs cet été). «Avec les webradios, plus on a d’auditeurs, plus ça coûte cher, parce que ça consomme plus de bandel passante. Prix auquel il faut rajouter les droits pour les morceaux payés à la Sacem», explique Philippe Chapot, fondateur de La Lettre pro de la radio et du Salon de la radio: Avec la FM, un
propre image mentale. Prenez un match de foot: d’entendre, sans quotas, ni longs tunnels de pub. émetteur suffit à capter autant d’auditeurs que
si vous le suivez à la télé, vous allez “visualiser un certain match, alors qu’un autre, en écoutant la même chose, en imaginera un complètement différent. » On aurait tellement aimé pouvoir <visualiser autre chose » lors du twerk de Miley Cyrus aux MTV VMA, qu’on comprend parfaitement le plaisir que les auditeurs peuvent ressentir à retrouver un peu de sérénité
en écoutant les ondes. Et le gras avantage avec les webradios, c’est qu’on peut les suivre partout, tout le temps. Et même à la découpe: «Le podcast a cassé la linéarité de l’écoute. Il permet désormais de composer sa propre radio», ajoute Marc H’Limi. Surtout, consommer des webradios, c’est comme manger bio, c’est plus artisanal.
LE RETOUR DE LA RADIO LIBRE Si l’on écarte les acteurs de la FM, comme NRJ ou Virgin et les grosses plateformes comme Radionomy, qui noient le marché avec leur flux de musique en ligne, il reste une multitude de stations tenues par des passionnés qui fleurent bon les radios libres des années 1980. quand il suffisait de planter un émetteur sur son balcon pour devenir la voix de la nuit. C’est ce qui a motivé Xavier Faltot, qui a monté Radio Marais avec deux potes au printemps dernier. Dans son studio de plain-pied, rue Chapon
à Paris, l’antenne reprend les codes des radios libres, en laissant place à la parole spontanée: << Je suis un enfant du web, je ne pense pas qu’on ait besoin d’un média mainstream pour fidéliser une audience. Beaucoup de webradios sont souvent de simples playlists. Nous, on fait de l’animation du lever au coucher du soleil.
FAIRE SAUTER LES GRILLES Un renouveau qui a inspiré Pedro Winter. le fondateur du label Ed Banger. En septembre dernier, le DJ a animé pendant une semaine une radio éphémère, Ed Wreck, produite dans les studios de la marque Red Bull à Paris, avec ses boys en guests: Cassius. Justice. Sebastian… Winter est un enfant de la radio. sa mère s’est occupée des relations publiques de RTL pendant vingt ans: « J’ai baigné dans cet univers, je traversais les studios, j’ai même assisté aux Grosses Têtes! J’ai des supers souvenirs, et je pense qu’indirectement j’étais. fasciné par l’envers du décor. a L’expérience lui a tellement plu que Pedro Winter a décidé de monter prochainement son propre studio radio, toujours sous le nom de Ed Wreck, chez lui, dans son sous-sol, afin de passer les vinyles qui s’enfilent chez lui depuis ses débuts
de DJ en 1994, < C’est finalement moi qui vais le financer, et je n’ai absolument pas fait de business plan pour savoir quelle est la réalité de ce truc. Pour l’instant, l’idée c’est de créer du contenu, du désir, de manière hyper spontanée, sans grille de programmes, C’est ça le pouvoir que nous donne la webradio, on est bien plus forts que les radios hertziennes qui sont bloquées par les ondes, les pubs et leurs choix rédactionnels et éditoriaux, a Mallis, fondateur de la Grosse Radio, l’une des pionnières du secteur, qui existe depuis dix ans sous forme d’association et compte une cinquantaine de bénévoles va dans le même sens: «La différence avec les playlists qu’on peut trouver chez Deezer, Spotify ou iTunes.
l’on veut. Et puis, il faut les fidéliser, ce qui est plus difficile avec l’immensité de la concurrence sur le Web. » Les carottes ne sont pas encore cuites, mais elles frémissent déjà.
GTA V, PIMPE SA FM
Dans ce jeu vidéo hyper-réaliste même les radios sont de grande qualite Dans le jeu le plus cher du monde. sortile 17 septembre dernier avec la puissance d’un blockbuster, la radio tient une place prépondérante. Au volant des voitures que les joueurs volent pour se déplacer dans la réplique fictive de Los Angeles, on peut écouter pas moins de 15 stations avec des programmations plus pointues les unes que les autres (disponibles sur iTunes). Au point que
se balader dans les rues de Los Santos en ecoutant East Los FM ou Vinewood Boulevard Radio est devenu une manière tout à fait honorable de passer le temps. Aux platines, on retrouve des estars comme Pam Grier (la Jackie Brown de Tarantino), le groupe d’électro belge Soulwax ou le producteur jamaïcain Lee Scratch Perry. Deux stations sont entièrement consacrées à des talk-shows. C’est assez pour parier que les ados biberonnés à GTA ne penseront jamais que la radio est un média du passé