Prison pour des clichés générés par de l’intelligence artificielle
Des magistrats viennent de juger pour la première fois un homme qui s’était fabriqué sur son ordinateur, à l’aide d’intelligence artificielle, des images pornographiques mettant en scène des enfants.
Si elle fascine les scientifiques, l’intelligence artificielle fait aussi beaucoup réfléchir les juges. Ceux-ci se retrouvent confrontés à de nouvelles formes de délinquance et de criminalité virtuelles. Un homme âgé d’une quarantaine d’années vient d’être condamné à une peine de deux ans et demi de prison. Il avait été formellement inculpé début août par un tribunal de la ville de Busan, pour avoir créé des clichés pédopornographiques en utilisant des programmes d’intelligence artificielle. Le générateur d’images, qu’il avait installé en avril dernier, est un logiciel assez simple d’utilisation. Il suffit de taper dans le moteur de recherche plusieurs mots-clés pour décrire l’image désirée. Le style de rendu peut être défini, une peinture, un manga ou une photo très réaliste. En quelques secondes, l’image artificielle crée l’image correspondant à la demande.
Des images “ultraréalistes”
En fouillant l’ordinateur de cet homme, les enquêteurs ont découvert qu’il avait ainsi fabriqué 360 clichés pédopornographiques. Il les gardait sur son ordinateur. Il ne les avait pas diffusées. La justice a estimé que ces clichés tombaient bien sous la loi condamnant la détention d’images pédophiles, tout le procès a tourné autour de cette question.
Les avocats de l’accusé ont essayé d’expliquer que l’homme n’avait rien fait de mal puisqu’il ne détenait que des clichés générés par de l’intelligence artificielle et qu’aucune image n’impliquait de vrais enfants. Ils ont insisté sur le fait qu’il n’avait abusé de personne ou participé à aucun réseau pédophile. Mais la cour a estimé qu’il tombait, tout de même, sous le coup de la loi coréenne sur la détention illégale d’images pédopornographiques. Toutes ses créations, ont expliqué les juges, avaient un caractère “ultraréaliste”.
Les associations très inquiètes
Ce genre de procès est encore assez rare. Il y a eu, ces derniers mois, quelques affaires similaires, notamment au Canada. Un homme avait utilisé la technologie du “deepfake” ou “hyper-trucage” pour mettre des visages d’enfants sur des corps dans plusieurs vidéos à caractère sexuel. Il a écopé lui d’une peine de trois ans de prison.
Les associations spécialisées sont très inquiètes. Elles craignent une explosion des cas, notamment dans les pays où la législation sur l’intelligence artificielle n’est pas encore complète.