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#LaLimerence 5: Peut-on se revendiquer féministe quand on est un homme cis?

Extrait de l’émission SUICIDE FM #17

Coucou toi. As tu vu ce week-end le fringuant débat Cnews, mené par deux hommes cis-hets qui se posaient tranquillou-bilou la question de savoir si le féminisme allait trop loin ? Ils n’étaient pas franchement muselés sur leur chaine télé, tout en chouinant qu’ils ne peuvent plus rien dire, et qu’on leur interdit de se revendiquer féministes. So sad ! On notera leur ferveur à cracher sur la non-mixité, alors qu’eux même sont ici dans un entre-soi flagrant, parlant d’un sujet qui ne les touche pas directement, et ce, comme d’habitude, sans les personne concernées.


Boh alors, ne desserviraient-ils pas un tout petit peu leur cause ?
Action-réaction : au programme aujourd’hui, la grande non-question : peut-on se prétendre féministe quand on est un homme-cis ?


Se revendiquer, c’est quelque part chercher à appartenir. Que ce soit dommage ou bénéfique, dans notre cis-tème actuel, les cases nous permettent de nous situer, de comprendre, de mettre des mots pour se sentir reconnu ou de créer du lien. Se voir refuser une étiquette, même quand on nous en offre une alternative (ici pro-féministe ou allié) c’est potentiellement se sentir rejeté, non inclus. Ça fait bobo à l’égo, c’est super F.O.M.O. Et pouf ! Abracadabra, pour un pinaillage sémantique, l’espace est une fois de plus colonisé : on concentre le propos sur qui ? Les hommes et leurs frustrations. Pour changer. Un homme qui s’offusque que SI ! il est féministe ! pose en réalité un bon gros caprice qui monte Ô combien il ne l’est probablement pas. Alors, mon petit sucre d’orge en mal de reconnaissance, apprends à te décentrer, tu n’es pas au coeur du sujet.


Participe concrètement à la lutte, et tu n’auras plus besoin d’une étiquette pour te sentir légitime.
Tu seras bien plus respecté et accepté par les adelphes de lutte, promis.
To be or not to be a feminist ? Effet de mode ou intérêt réel, on peut se poser la question. Certains se servent de ça pour draguer ( si si je te jure… ) ou rassurer leur égo. Vouloir à tout prix cette validation est une attitude qui ramène la couverture à soi. Bravo, merci Jean-Mi de reconnaître qu’il y a un problème. Bah, non en fait.
Ce n’est ni incroyable, ni particulièrement séduisant. Stop à l’instrumentalisation. Cela devrait être la norme de soutenir un combat contre l’injustice, de tolérer une colère légitime, de faire preuve d’empathie. Pour la médaille on repassera.


Une autre question épineuse rode : celle de l’appropriation des luttes. S’auto-déclarer féministe, c’est se placer en égal des concernées, au premier plan du combat pour l’égalité des genres. Alors oui, le féminisme est pour tout le monde, et son aboutissement est également bénéfique aux hommes-cis. Cependant, leur privilège fait qu’ils ne connaissent pas la réalité d’être une personne sexisée. Alors, en toute humilité, sois en colère avec, et non pas à la place. Regarde les problèmes en face, sans en créer des nouveaux. Collages, réunions en non-mixité, ta présence n’est pas toujours la bienvenue. Il faut l’accepter en comprenant que quand certaines étapes se font sans toi, ce n’est pas forcément contre toi. Ta place est ailleurs. Et même si ce n’est pas celle de porte-parole, ni de sauveur de ces dames, son importance reste cruciale.


J’ajouterai ici que la culture féministe c’est un peu comme la confiture : moins on en a, plus on l’étale. Les hommes les plus vocaux, qui revendiquent le plus fort cette appartenance « féministe » sont couramment les plus problématiques, et vont naturellement provoquer une réaction de méfiance de la part des militants et militantes, vu que leurs actes suivent rarement leur discours. Se clamer féministe pour séduire ou rassurer, sans s’appliquer à être un allié dans la vraie vie, c’est un peu nous prendre pour des jambons.


Alors, mon allié chéri, agit ! Se définir, te définir, oui, poses-toi la question si tu en ressens le besoin. Réfléchis, étiquettes toi comme tu veux. On s’en fout en vrai. Engage toi, et concrètement, même si tu as honte, même si tu te sens maladroit.


Ce qu’on retient, ce sont tes actions : réagis quand tu es témoin d’une oppression. Écoute. Offre une plateforme. Parle avec tes potes et confronte leurs actes. Visibilise la lutte. Prend des risques. Sois curieux. Toute réelle attention est une preuve de ta valeur à nos côtés.


Et si, vraiment, tu veux un cookie pour ta peine, je te recommande Scoop me a Cookie, rue de Bretagne. Le « drive me nuts » te réchauffera le coeur.


Merci à toustes d’avoir une fois de plus écouté mon ouin-ouinage hebdomadaire. Cette semaine je te laisse sur un morceau hyper Mercure rétrograde par Mac Miller. Bisou, si consenti, et je te dis à la semaine prochaine.

Retrouvez l’intégralité de l’émission SUICIDEFM#17:

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