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Les usines Veja de Novo Hamburgo, le making of.

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Premier jour.

Après avoir apprécié le petit déjeuner tropical du Swann hôtel et rejoint la réception dans son ascenseur transparent, nous nous mini-bussons vers l’usine. Toujours jet-lagués, le soleil et l’air vif nous stimulent. Après une trentaine de minutes à savourer le paysage vallonné, les couleurs contrastées, les visages exotiques qui se réveillent, nous sommes prêts pour notre première journée à l’usine…

Il est 6 heures 30 et tout juste arrivés dans le bureau de réunion face aux chaînes de montage de baskets, nous sommes aspirés dans un jour sans fin.

Schllloup!Sur une surface grande comme quelques terrains de foot sont agencées d’immenses lignes de production sur une centaine de mètres. C’est la première surprise. Constater le nombre d’opérations nécessaire pour fabriquer une paire de Veja. Aussi la taille de l’effectif: 800 personnes dédiées. Payés 200 euros (1000 reals) par mois (smic local). Elles et ils s’affairent, consciencieusement. Ils et elles préparent, pèsent, mélangent, malaxent, pré-coupent, pressent, cuisent le caoutchouc. Cousent, collent, ajustent, vérifient les semelles, le coton, le faux cuir, les baskets… 140 étapes environs. Les machines ne savent pas tout faire, loin de là. Beaucoup de séquences sont réalisées à la main.

11h30. La sonnerie retentit, nous quittons l’arène. À pied, nous parcourons une sorte de zone commerciale fleuries et déjeunons dans un « restaurante a quilo » (restaurant au kilo), un self-service, le préféré de notre guide: Fabio, coordinateur de production. Au choix il y a de tout, payable au poids (entre 36 et 60 réals le kilo, entre 6 et 10 euros). Des crudités, des sucres lents, des légumes, des frites, des haricots noirs (feijão), de la salade, au minimum 8 plats différents. Il y a aussi et surtout de la viande. Un vrai grill avec des flammes, de l’agneau, du bœuf, du poulet, du porc, des saucisses: Churrasco. Assaisonné de manioc en poudre (ferofa), et étanché par un suco de manga ou d’orange (laranja) frais (fresco). Ce sont tout simplement les meilleurs repas de ma vie.

Retour à l’usine. Petite tasse en plastique, pour un traditionnel café filtre hyper sucré: café « doce »

12h30.

Sonnerie et la cadence est relancée. À l’écart avec Robin mon traducteur, je rencontre et enregistre les paroles d’Edinara, Lucas, Carla et Maciel. Ils et elles sont heureux-se-s d’être employés ici. Certains ont plusieurs membres de leur famille qui travaillent dans cette usine. Ils sont fiers de produire des Veja.

Interview

La célérité des robots compresse le temps, le beat des machines tourne à un BPM à faire flipper Manu le Malin. C’est de la techno version indus qui flirte avec le gabber. J’ai envie de danser. Le tumulte ne s’arrêtera que quatre jours plus tard: 8 heures fois 4 soit 24 heures dans la machine. 8,1 millions de paires sont sorties d’ici depuis 2005. J’ai le tournis.

Direction le laboratoire de préparation de la pâte en caoutchouc pour les semelles. À l’étage, ça ressemble à un laboratoire de narcotrafiquants. Avec précision sont mélangés les éléments nécessaire. La mixture incorpore le GEB (entre 20 et 40%): le caoutchouc naturel brésilien originaire de la forêt amazonienne. Nous y serons la semaine prochaine. Plus bas, là où est pressé le caoutchouc, des « plocs! », des bulles de chewing-gum géantes qui crépissent comme un feu de cheminée. La préparation passe encore par plusieurs presses, manipulée à la main par les ouvriers.

La matière devient de plus en plus lisse et souple. Elle est ensuite soit coupée en bandes et plaques qui seront cuites au four pour les Veja Campo, Esplar ou Minautor, soit en paquet pour être cuites dans des moules: pour les V10, V15, Urca ou Rio Branco par exemple. Sur le côté, un vieux monsieur, le doyen de l’usine vérifie qu’elles sont toutes au bon format, qu’elles sont parfaites. Au bout d’un couloir, loin des chaînes de montage, nous visitons la pièce où sont réalisés les tests physiques sur les matières. Cuir, tissu, œillet de lacet, semelle, les matières, les baskets sont poussées à bout par des robots endurants.

Nous filmons aussi dans la ville et ses alentours: l’usine très secrète de fabrication des moules à semelles, l’usine de faux cuir et le laboratoire de test d’impact écologique.

La semaine se termine, dernier dîner au Bless Steaks & Burgers derrière notre hôtel. Un excellent bacon cheese frites, « uma cerveja bem gelada » (une bière bien fraîche) Antartica Original et deux shots de cashaça Ypioca plus tard et je suis par terre dans la rue, presque mort de rire, persuadé d’avoir été drogué à l’insu de mon plein grès par l’équipe du bar. Au bord de la rupture nerveuse, je me demande combien de temps il faut pour s’habituer à cette routine.

FIN.

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Xavier Faltot

Xavier Faltot: Media Mutant, brille par ses images expérimentales, mêlant art, technologie, cinéma et poésie. Dès ses débuts avec l’artiste Shu Lea Cheang, il sait capturer et danser avec le réel. Ses œuvres, à la fois provocantes et captivantes, reflètent une compréhension profonde de la globale culture actuelle. Samouraï virtuel multimedia et pionnier français dans l'utilisation des outils offerts par le web, il attend depuis toujours l'arrivée des intelligence artificielles. Aujourd’hui à l’aise avec les machines qui créent en vrai, il joue et fabrique des mondes animés à la carte ou des univers virtuels inconnus. ////// Xavier Faltot: Media Mutant, shines through his experimental images, mixing art, technology, cinema and poetry. From his early work with artist Shu Lea Cheang, he has captured and danced with reality. His works, both provocative and captivating, reflect a deep understanding of today's global culture. A multimedia digital samurai and French pioneer in the use of web tools, he has always awaited the arrival of artificial intelligence. Now at ease with the machines that create the real thing, he plays with and creates bespoke animated worlds or unfamiliar virtual universes.
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