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La Police se prend au sérieux et c’est dangereux!

Demain c’est dimanche #3

La police se prends au sérieux et c’est dangereux.

Vendredi soir, rue du faubourg Saint-Denis, il est 21h30.
En temps normal, je veux dire hors crise sanitaire sa mère, c’est là qu’il fait bon commencer sa soirée au hasard, piéton, tête en l’air, pieds bien chaussés.

Hors aujourd’hui sages, tous les parisiens que je croisent portent le masque, sur la bouche ou sous le menton. Ils sont rares ceux qui n’en n’ont pas. Et croyez moi ce sont les intouchables, les noirs, les pauvres, les basanés, les gueules cassés, les mecs en deux au sol, pas les gens bien habillés. servitude volontaire.

Depuis le début de cette histoire de virus qui tue à 95% les vieux, j’ai trouvé une routine où le masque n’est pas obligatoire pour moi. Mon bureau est à 450 mètres et un restaurant excellent se trouve juste en face. je travaille seul, je n’ai que des rendez-vous avec des gens de moins de 65 ans ou très en forme, et surtout je fais du vélo. Mon buraliste, tout comme ma boulangère sont barricadés derrière du plexiglas et porte un masque, ils savent que moi non et ne disent rien, au contraire ils me sourient.

Quand je me retrouve contraint de marcher, j’ai mes trucs et astuces pour ne pas être masqué: Première option, j’ai une clope dans la main gauche et les doigts à droite sur mon briquet logé dans sa poche dédiée. Option 2: J’ai une baguette, que je grignote très lentement. Option 3: je pousse mon vélo. Certes ce sont des situations stressantes car la peur du flic zélé n’est pas loin.

Sur mon vélo, je divague et soudain, la voiture devant qui n’est autre qu’une voiture de police tourne à droite sèchement sans clignotant. D’un geste souple j’évite la tonne 5 Mégane. Surpris toujours à la droite du véhicule je fais un signe de la main que le clignotant n’est pas activé.

Hors le changement de direction sans mettre le clignotant est verbalisé par une amende de seconde classe. Même si elle ne représente qu’une contravention modérée comparée à d’autres infractions, le manque de signalisation est dangereux et peut provoquer de nombreux dégâts humains ou matériels d’où une réduction de trois points sur son permis à points. 35 euros d’amende en somme.

Je bifurque et me retrouve de l’autre côté du véhicule des fins limiers. Regard à droite le machin qui conduit porte une belle barbe, il est presque beau lui-même avec ses gros bras, rien ne me vient, je reste silencieux en le contemplant. Lui, lève la main et aboie:” qu’est ce que t’as toi!”. Le mec est chaud, je ne dis rien et continue mon chemin vers mon officine. Décharge d’adrénaline, je bouillonne: “merde, j’aurai du lui dire un truc, euh, un truc sale et partir vite, mais non.” Je suis encore imprimé de mon expérience de confinement. Ce moment où ils ont tous basculés en vrai.

Ce moment où la street était totalement sous contrôle policier. Ce moment où personne ne savait vraiment ce qu’il se passait avec le virus, où il n’y avait pas assez de masques pour tout le monde, où nous devions signer un papier avant de sortir de chez nous. Où nous avions tous peur car la mort était partout dixit les médias. Je suis resté à Paris avec femme et enfant pendant le grand rien.

La première fois que je me suis fais arrêté c’était par des CRS. La consigne c’était: sortez de chez vous le moins possible, si vous sortez c’est pour acheter de quoi vous nourrir, faire de l’exercice ou que vraiment vous n’aviez pas le choix. Je n’ai suivi ces règles que 10 jours. Ensuite, nous sommes sortis plusieurs fois par jour, pour tout pour rien, personne dans la rue. J’avais compris que je devais être à distance des gens, et que je devais me laver les mains en rentrant chez moi. C’est déjà pas mal.
Mais là nous sommes place de Stalingrad, il y a plein de crackhead, des clodos, des réfugiés en exil, ici pas de police, nous nous sommes dit. Au milieu de ceux qui souffrent vraiment pas de luxe, pas d’amende pour ceux qui sont à la rue et ne respectent pas le confinement. Manque de bol, nous sommes pas les seuls à penser cela dans le quartier.

Je joue donc au foot avec mon fils et ma chérie n’est pas loin. À 7 mètres Je vois ces 2 CRS qui approchent d’un papa qui joue avec son fils. Ils lui parlent, cela va assez vite et ils viennent vers nous maintenant. Tout va bien mais je me rapproche de ma moitié.
Ils nous rejoignent: “Vous avez votre autorisation”Oui, là voilà.
Ils regardent et constatent que nous sommes en train de jouer au ballon avec l’enfant, donc que nous ne sommes dans aucun des cas de figure autorisé par la loi. Je tente un: “Mais regardez entre deux passements de jambes je fais du micro-footing, je fais de l’exercice messieurs.
Un seul des 2 est sensible à ma blague, l’autre avance vers la mère de notre enfant et lui dit, “nous allons vous verbaliser”

Elle, simule de vomir, choquée. Elle ne m’a dit que plus tard que c’était du mime, hyper bien réalisé. J’y ai cru. Pendant ces instants de violence psychologique, notre petit bout est parti courir après son ballon, je le suis des yeux. Mais parce que le flic insiste pour avoir notre identité, je le perds de vue. Nous tenons bon. Quelques instants plus tard il revient avec la balle mais me fait remarquer qu’il s’est griffé l’avant bras. En mode roi lion, je me mets à sa hauteur. Génuflexion et me mets à lécher la plaie assez longue mais pas profonde, ça saigne. Éclair, alors que le CRS robotisé continue à mettre la pression, je me redresse et courageux tente un: “Messieurs, je crois qu’il y a urgence là, pendant que nous vous parlions, regarder ce qui est arrivé, nous devons rentrer au plus vite”

Silence majestueux, les 2 forces bleus pensent et c’est lourd de bien être, des anges passent, il turbine de ouf, quel spectacle quand ils font marcher leur cerveau. Quand la situation n’est pas prévue dans leur logiciel. BUG BUG…

Rebond direct: “Bon, nous y allons messieurs excellente journée”, silence encore le temps que nous fassions demi-tour. Adrénaline. Puis comme pour avoir le dernier mot que nous venions de lui voler malignement, le mec le plus relou des 2, lance un: “Vous insinuez que c’est de notre faute, si votre enfant s’est blessé !?” Je rétorque, calme:” J’ai du mal formuler, allez, au revoir et merci pour ce que vous faîtes”. Fin de la séquence.

De retour sur mon vélo, 3 minutes après m’être presque fait renversé à cause d’un stupide clignotant. J’arrive tranquillement au bureau, la haine contre la tyrannie policière s’est envolée, je monte sur le trottoir. Et là et c’est malade, la voiture qui vient de me faire une queue de poisson en pleine infraction au code de la route est à côté de moi. Il faut savoir que j’ai quand même passé 2 feux rouges et 3 virages. Autant dire que les mecs ont du mettre leur gyrophares, stresser tout le monde, peut être pris le risque de renverser quelqu’un pour quoi.

Pour m’arrêter évidement. “Vos papiers monsieur”
Je réponds, ils sont déjà 3 autour de moi, 2 hommes et une femme qui prend ma carte d’identité. “Tout ça pour un clignotant”. Ils restent muets. Je sue froid à nouveau, j’adrénaline, je tremble presque. Pourquoi ? Car je me suis demandé ce que j’aurai pu dire de méchant et me barrer, pour une mauvaise pensé. On est où là ? en Iran ? Je respire profondément, tente de me calmer. Je pense à mon avocat: “si tu te fais arrêter ou si tu es convoqué, ils vont tout faire pour te faire parler et en profiter. Ils savent déjà ou ils vont ou te faire la technique de l’entonnoir. Je respire, je ralentis en moi. Dans la voiture assis, le flic qui m’a tutoyer comme à son chien ou à son père est sur Instagram, il scrolle surement chaud de savoir si il a des likes pour sa nouvelle photo de lui avec sa nouvelle barbe de cake, ou peut-être qu’il fait une enquête sur les barbus pro-fisteurs islamistes déchireurs d’anus. Je ne dis rien, souriant.

Je repense à cette seconde arrestation sur la grande place libre sur le pont à côté de Jaurès. Le confinement vient de s’endurcir, la durée des sorties est limitée, maintenant il faut noter l’heure à laquelle vous mettez le pied dehors. Je joue seul avec mon fils, nous sommes loin de tout le monde, les gens nous évitent consciencieusement. Cela fait 20 minutes qu’on s’amuse. J’avais spoté une voiture de police à côté du Mac do, leur restaurant préféré pour jouer à péter dans la voiture. Et là bim! La caisse déboule en mode starky et butch. 3 policier en sortent, encore une femme et 2 hommes. Ils nous annoncent que cela fait trop longtemps que l’on joue. “Autorisation s’il vous plaît!” Ils n’ont pas de masques, pas de gants. Je leur tends le papier manuscrit. L’un deux va à l’arrière de la Ford Focus. La femme est avec lui et je me retrouve avec un espèce de cowboy de l’espace. Cheveux gris, yeux bleus. Il est tellement droit dans ses chaussures. Je sens que pour lui c’est le grand soir, le jour où la police est la vérité, où la police est mon père. Je lui explique bouche séchée par l’adrénaline, que j’ai bien compris que l’histoire est sérieuse mais que je fais bien attention à ne pas m’approcher des gens, à respecter les gestes barrières. je sors mon fils. “vous avez des enfants ?” Il me fait comprendre que les gens comme moi qui discutent, réfléchissent, proposent, doivent commencer par se taire: “Vous êtes vraiment incroyable, vous autres, vous pensez tout savoir, mais vous ne savez rien”. Je viens de lui parler du soleil et de la vitamine D que cela synthétise en nous et cela est bon pour mon enfant. “La vitamine D n’a rien à voir avec le soleil monsieur. Et votre fils doit sortir seul”. Il a 5 ans.

Là j’avale ma salive et lance: “écoutez je n’ai aucune raison de parler avec vous. Je vais plutôt retourner jouer avec mon fils”. Derrière lui le métro passe et à l’intérieur, les gens n’ont pas de masques, sont proches les uns des autres. La flic revient et me demande mon adresse email: xavier@toutvabiensepasser.com, je dis honnête. Et là le mec rajoute entre ses dents de clébard: “pas aujourd’hui on dirait” ooofff j’expire. “Venez avec moi dit-elle” je me retrouve à côté de l’officier qui tape du bouts des doigts sur un smartphone. “Bon le monsieur va te dire son adresse e-mail” “Xavier@faltot.paris, je réponds, puisque apparement il y a même des noms de domaines qui ne doivent pas être dit”. La meuf se rend compte de la stupidité de ce qui se passe. Le simplet ninja gris revient. Il met la pression, ça énerve la meuf, je me sens protégé. je me calme. Je dois maintenant signer ou pas ma déclaration que je ne vois même pas. “ça change quoi ? vous avez qu’à appuyer sur le bouton “je ne veux pas signer”, non je me ravise et dis. Ok si vous pouvez nettoyer votre téléphone, je veux bien cliquer. J’ai vu que c’est par là que cela se passait, vous n’avez ni gants, ni masques. BUG BUG
La meuf sort de sa poche du gel hydro-alcoolique et s’imagine pendant quelques secondes en passer sur le terminal mobile. Elle change de tête et le range. “Bon ben si vous ne pouvez pas me garantir une sécurité totale, je ne touche pas à ça. Et l’agent assis clique pour moi. Elle aurait pu m’en proposer pour me laver les mains après avoir signé du doigt mais bon c’était hors programme encore une fois. BUG BUG. AHhhhhh


Il clique. Ils partent, je les avertis qu’on ne dit pas à un enfant de rentrer tout de suite quand il faut partir: “Je prends 6 minutes pour ne pas agresser mon fils si vous voulez bien” Ils partent et embarquent avec eux la bombe humaine grisonnante et toute leur énergie pourrie, les pauvres quand finalement je pense.

Retour sur le trottoir aux arrêts. Pourquoi vouloir faire peur, pourquoi ne pas protéger la population plutôt que de protéger l’exécutif contre sa population. Fini la parole libre, fini les conneries, on ne déconne pas avec les forces de l’ordre. Toujours silencieux, les mains derrière le dos, la tête haute. J’ai trouvé un endroit pour poser mes yeux et cool down. La vérification de mon identité est toujours en cours. “Reste silencieux, ils sont fous et ils n’y peuvent rien”. Le flic à ma droite dit: “et vous n’avez pas peur sans casque…” suspens. je reste calme. Je pense à ce mec qui rentre dans un bar et qui commande une bière et se met à insulter la police. “Ils m’ont coincé ces connards, franchement c’est quoi ces cowboys de merde, ils se croient dans une série télé ou quoi”, ça m’avait fait du bien. Souriant, naturellement je mets mes mains dans mes poches” “Sortez vos mains monsieur.” C’est bientôt fini, je suis un bon citoyen, rebelle mais pas délinquant. Je n’ai rien à me reprocher, je ne devrait pas être dans cette situation, pas d’outrage, surtout pas d’outrage. Définition: Délit par lequel on met en cause l’honneur d’un personnage officiel dans ses fonctions. Pour qu’il y ait outrage, il faut que l’acte soit commis pendant que l’agent est en service, ou qu’il soit en lien avec ses missions. Il s’agit d’ une infraction punie par loi. Les peines tiennent compte des circonstances de l’infraction. L’outrage à l’égard d’un agent chargé d’une mission de service public est puni de : 7 500 € d’amende s’il est commis par une seule personne. 6 mois d’emprisonnement et 7 500 € d’amende s’il est commis par plusieurs personnes. 6 mois d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende s’il est commis en milieu scolaire. Mais je n’ai aucun témoin, je suis coincé et je n’ai pas envie d’y passer la journée. Enfin, la torture s’achève, la meuf keuf, me rend ma carte. La caillera au volant vient de liker une photo de fleur bleue marine, “oh c’est un sensible…j’aurai pas cru.” Je suis libre, enfin, à nouveau. J’attache mon vélo et retourne à ma journée parcouru de haine et d’incompréhension, je me sens faible, impuissant, bouillant aussi. Je déteste l’injustice. Mais je ne peux rien faire. Ahhhhh

Enfin au travail, je me dis qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans tout ça. Qui donne ce genre d’instructions, qui ordonne ? La peur n’est elle pas déjà suffisamment présente. Les gens pas assez prostrés. Ahhhh. Je prends la plume, que me reste t il ? Dois je avoir peur d’exprimer mes émotions, raconter mes histoires de viols psychologiques ? La police se prends au sérieux et c’est dangereux. Vont-ils débarquer chez moi ? Je me reprend et commence ce texte. Heureusement mon expérience de la vie en mode crise sanitaire ne m’oblige pas à porter un masque, je suis libre, hors de l’hyper peur et je le sens au poids des regards, des vieux surtout qui me dévisagent sans masque, hors la loi. Quelle histoire, devenir le plus gros rebelle de la rue parce que tu marches le sourire au vent. Fuck it !

Je veux continuer à vivre libre tout en respectant ce que j’ai compris comme étant suffisant pour ne tuer personne. Sortir du spectacle, sortir de cette folie du virus, vivre avec le virus, libre. Alors tous à vos vélos et à vos casques donc ! Soyez libres de savoir, de comprendre, ayez le courage de vivre sans entrave en respectant la loi. Sinon c’est tout notre édifice qui va sombrer, notre démocratie, notre liberté fondamentale, celle de penser, de critiquer, d’hyper-critiquer, de verbaliser ses angoisses pour les dépasser, échanger, avancer.

Merde un flic ! j’écris sur un banc, j’ai un bon gros joint dans la bouche. Alors quoi monsieur l’agent, vous voulez quoi 200 euros pour consommation de cannabis ou 135 euros de non port de masque ? Je peux pas le mettre, je fume… comment ça c’est 335 balles ! Vous avez de la chance ma grand mère vient de mourrir du Covid, je suis blindé ! Alors c’est qui le connard !? Allez bonne journée.

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Xavier Faltot

Xavier Faltot: Media Mutant, brille par ses images expérimentales, mêlant art, technologie, cinéma et poésie. Dès ses débuts avec l’artiste Shu Lea Cheang, il sait capturer et danser avec le réel. Ses œuvres, à la fois provocantes et captivantes, reflètent une compréhension profonde de la globale culture actuelle. Samouraï virtuel multimedia et pionnier français dans l'utilisation des outils offerts par le web, il attend depuis toujours l'arrivée des intelligence artificielles. Aujourd’hui à l’aise avec les machines qui créent en vrai, il joue et fabrique des mondes animés à la carte ou des univers virtuels inconnus. ////// Xavier Faltot: Media Mutant, shines through his experimental images, mixing art, technology, cinema and poetry. From his early work with artist Shu Lea Cheang, he has captured and danced with reality. His works, both provocative and captivating, reflect a deep understanding of today's global culture. A multimedia digital samurai and French pioneer in the use of web tools, he has always awaited the arrival of artificial intelligence. Now at ease with the machines that create the real thing, he plays with and creates bespoke animated worlds or unfamiliar virtual universes.
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