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#LaLimerence 3: Drague et charos, explorer les limites entre flirt et harcèlement

Extrait de l’émission SUICIDE FM #15

Prost ! Salude ! Santé ! Tu entends le tintement des verres qui s’entrechoquent ? Les crépitements des cigarettes qu’on allume le tango des discussions plus ou moins sobres ? Je crois bien que les terrasses ont réouvert. Et avec elles le retour de la drague, le doux roucoulement des flirts. On est toustes en chaleur, Paris est une partouze géante noyée dans le prosecco bon marché !!! … Je m’emballe. Une ombre cependant sur ce tableau hédonisto-idyllique. Et je ne te parle pas des averses, ni des 10 plaies d’Egypte. Non non. Bien pire. Haro, voilà les charos. Aujourd’hui, tu l’as compris, je vais traiter d’un sujet brûlant, bouillant : alors, flirt, ou harcèlement ?


La proie et le prédateur est une dialectique tristement connue lorsque l’on parle de séduction.
C’est assez juste si on y réfléchit car la plupart des femmes et personnes sexisées ont déjà ressenti un sentiment de malaise, voire de danger lorsque confronté.e.s à de la soi disant drague. Nous sommes souvent, dans ce monde d’hommes, réduit.e.s à un physique sans libre-arbitre, renvoyé.e.s à notre statut d’objet de désir, que ce soit la madone ou la putain.

Séduire, jouer, se laisser séduire, se découvrir, installer une certaine tension, baiser, minauder… Chacun/chacune son game ! La drague n’est pas un problème, bien au contraire, lorsqu’elle est pratiquée de manière éclairée et consentie. Traduction : lorsqu’elle ne met pas la cible des ardeurs dans une position de malaise. Le flirt se pratique à 2, sinon c’est du harcèlement, voire, dans certains cas, de l’agression.


Non c’est non. Le non qui voudrait dire oui, d’une manière générale, on y croit plus. Pas besoin de manuel d’instructions pour s’en rendre compte : Insister c’est forcer.


Le nier, c’est rejeter la faute sur l’autre, c’est décrédibiliser la victime. Ainsi, on ne la considère pas comme son égale, mais plutôt comme un objet, qui se doit de coller à des attentes projetées. C’est une dynamique de domination, et non plus de séduction. Merci le patriarcat. La culture du viol, omniprésente autour de nous, a normalisé les comportements d’acharnement, et bien souvent, les protagonistes ne s’en rendent même pas compte. J’entends autour de moi de plus en plus de personnes réaliser ou admettre que oui, iels ont pu outrepasser des limites voire eu un comportement de prédateurs. Cela en dit long sur le sentiment légitime d’insécurité que peuvent ressentir les femmes et minorités de genre. Rendez-vous compte que la barre est posée si basse qu’en tant que personne sexisée, rentrer chez soi sans avoir été importunée est une victoire. On sabrerait quasiment le champagne après une journée où aurait été traitées avec respect de A à Z. On en est là.


Quand un homme me reluque avec un regard lubrique, ou insiste après un refus, je me sens objectivée, je me sens souillée, comme un bout de viande fétichisé. Devoir me justifier, trouver des excuses, altérer ma tenue pour échapper à un forçeur, c’est dégradant. Est-ce là la définition de la séduction ? Est-ce vraiment l’effet qu’on a envie d’avoir sur une personne que l’on essaye de séduire ? La question se pose. On est sur un paradoxe dénué de sens, entre non considération et piédestal, tout pétri de masculinité toxique. Sans la pression sociale de l’injonction à la virilité conquérante, j’ose espérer qu’il n’y aurait pas autant de harceleurs.


Dans un système récompensant la victoire, le non est difficile à encaisser pour l’égo. Et pourtant
ce n’est ni une attaque personnelle, ni un échec en soi. S’entêter, c’est s’enfoncer dans l’humiliation, et y compris la nôtre. Prendre du recul sur les envies de l’autre, même si elles ne correspondent pas à nos attentes, est une étape cruciale pour sortir de la dynamique du charognard.


Alors, dans la rue, chez tes potes ou au bar, tout est histoire de contexte et de respect mutuel. Tu ne sais pas si ton envie est partagée ? Demande. Inversement à l’idée reçue, sonder le consentement c’est pas la honte. C’est attentionné, bienveillant et séduisant, contrairement à un baiser volé ou une main mal placée. On instaure ainsi une relation de de confiance, sur un pied d’égalité. Cerise sur le gâteau : ça marche. Alors s’il vous plaît, au lieu de chouiner qu’on ne peut plus draguer, faites votre part du travail et peut être qu’un jour, on pourra flirter et se faire draguer sans vergogne, sans peur, et sans reproche.


Merci à toi d’avoir écouté ce fragment. Je te laisse avec un morceau de Grace Jones, ode à la sensualité, très à propos. Bisou, si consentis, et je te dis à la semaine prochaine.

Retrouvez l’intégralité de SUICIDEFM #15:

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